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"Marocains sans terres", le documentaire consacré au combat des habitants de Oueld dlim (ENTRETIEN)

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DOCUMENTAIRE - Soraya El Kahlaoui, sociologue engagée sur les questions urbaines, vient de sortir son premier documentaire "Marocains sans terres – واش حنا مغاربة (sommes-nous encore des citoyens ?". Le film retrace l’attentisme dans lequel sont plongés les habitants du douar Ouled dlim à Rabat, qui attendent depuis plus de deux ans de bénéficier d'un programme de relogement. Leur histoire commence en février 2014, lorsque les forces de l’ordre procèdent à la destruction forcée de leurs logements. En attendant une solution, les habitants vivent aujourd'hui dans des camps de fortunes.

Dans ce documentaire, Soraya El Kahlaoui, qui en est à sa première expérience dans la réalisation de films documentaires, met à nu les défaillances de la politique de privatisation du foncier. Elle souhaite avant tout démontrer l'impact de l'accaparement des terres soulaliyates sur les tribus autochtones. D'où le parti pris d'écarter les responsables de l'urbanisme et de la politique de la ville pour focaliser son documentaire sur les témoignages de la population concernée. Entretien.

soraya el kahlaoui



HuffPost Maroc: Comment vous est venue l’idée de consacrer un film aux habitants de Ouled dlim ?

Soraya El Kahlaoui: L’idée est née un peu par hasard. C’est suite à un article publié sur un site d’information que j’ai décidé de rendre visite à cette population. Leur histoire ne m'a pas laissée indifférente car je prépare ma thèse sur la question urbaine, particulièrement le droit d’accès au logement. C'est grâce à eux que j'ai appris à filmer. Ils m'avaient demandé de les filmer lors de notre première rencontre. J’ai donc suivi ce dossier pendant quatre ans, période durant laquelle j'ai collecté plusieurs vidéos. En les visionnant, la journaliste Sabrina Hakim et la produtrice Intissar Jbiha m'ont recommandé d'en faire un documentaire.

Comment en êtes-vous arrivée à adapter leur histoire ?

C’est à partir des témoignages des habitants que j’ai conçu ce documentaire, qui fait ressortir le passé de leur tribu. C’est en 1838 que le sultanat leur avait octroyé ces 400 hectares de terres. Mais depuis l’arrivée du Protectorat français, ces terres ont été menacées par la convoitise des promoteurs immobiliers. Au fil des années, cet espace, qui aurait pu propulser Rabat en modèle de ville écologique, a été entièrement bétonné. Le film explique d’ailleurs l’imbroglio juridique, car c’est une affaire juridiquement très complexe. Il y a des législations qui se superposent entre le droit tribal et le droit moderne, car héritées du passé colonial de notre pays. Toutes ces données sont explicitées dans le documentaire.

Avez-vous impliqué les responsables de la politique de la ville?

Non. Dans la méthodologie sociologique que j’applique à mes recherches, il est admis que deux camps en conflit ne peuvent pas être traités parallèlement. J’ai donc décidé de focaliser le documentaire sur les témoignages des habitants au lieu de celle des responsables qui monopolisent déjà la parole dans les médias. Pour autant, ce n’est pas un documentaire à charge.

Comment s'est déroulée la production?

Elle s’est déroulée de manière indépendante. Nous avions décidé de ne pas recourir à une boîte de production classique qui aurait pu nous imposer des formats et un certain mode de réalisation. L’objectif était de protéger l’aspect autonome de ce film et d’ouvrir justement une brèche sur la question des documentaires indépendants au Maroc, qui sont encore trop peu mis en avant. Nous avons alors trouvé appui auprès de la Fondation Touria & Abdelaziz Tazi.

Comment sera distribué le film ? Bénéficiera-t-il d'une diffusion à la télévision ?

La distribution est un long travail qui nous attend. Nous allons commencer par l’avant-première qui est prévue aujourd’hui à 19h30 à l’Uzine. Nous souhaitons que la diffusion soit élargie à la télévision. D'autant que c’est un documentaire qui raconte une histoire assez originale par rapport à ce que nous avons l’habitude de réaliser au Maroc.



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