Valparaiso vivait une deuxième nuit d'angoisse alors que le violent incendie qui ravage la ville côtière du centre du Chili depuis samedi, provoquant la mort de 12 personnes et une évacuation massive, a repris de plus belle sur les hauteurs.
L'alerte rouge était notamment maintenue dans les collines de Ramaditas, Pajonal et Mariposas où les flammes sont attisées par des vents violents.
"Nous sommes dans une situation d'urgence permanente (...), c'est une situation très complexe", a reconnu sur Radio Cooperativa le ministre de la Défense, Jorge Burgos.
Selon un dernier bilan communiqué par le ministre de l'Intérieur, Rodrigo Penailillo, 12 personnes sont mortes dans l'incendie qui a détruit 850 hectares, 2 000 habitations et fait quelque 8 000 sinistrés.
L'Onami, l'office national des situations d'urgence, a décrété "l'évacuation préventive" dans le secteur de Torres de Rocuant, situé sur la partie haute de Valparaiso, en raison de l'avance des flammes.
Le ministre de l'Intérieur a toutefois indiqué au cours d'une conférence de presse que la "situation est moins compliquée" que la nuit précédente.
Onze hélicoptères, six avions, 2 000 membres des forces de l'ordre --policiers et soldats--, ainsi que des centaines de pompiers continuent de combattre l'incendie qui, selon le ministre, pourrait être sous contrôle dans les prochaines 48 à 72 heures.
Plusieurs quartiers de la célèbre cité portuaire, classée en 2003 au Patrimoine Mondial par l'Unesco, ont été particulièrement touchés par l'incendie qui a affecté surtout les zones les plus défavorisées de la ville, où les habitations sont le plus souvent en bois.
Mais le centre historique a pour le moment été épargné par les flammes.
Une épaisse fumée et une pluie de cendres ont recouvert le port pittoresque, un paysage de carte postale, où les petites maisons bigarrées dont celle du poète Pablo Neruda, aujourd'hui musée, surplombent le Pacifique du haut de 44 collines.
"Je ne pars pas"
"C'est une terrible tragédie, sans doute le pire incendie de l'histoire de Valparaiso", a déclaré la présidente chilienne Michelle Bachelet, arrivée sur les lieux dans la matinée après avoir rapidement déclenché le plan catastrophe samedi, permettant aux forces armées de participer aux opérations d'évacuation de la population.
Il s'agit de la deuxième évacuation massive en deux semaines de cette ville, distante de 120 km de Santiago, après l'alerte au tsunami déclenchée en raison du séisme de magnitude 8,2 qui a secoué le nord du Chili.
Face à la situation, la présidente Bachelet a annulé un voyage officiel en Argentine prévu pour mardi, le premier depuis qu'elle a pris ses fonctions pour un deuxième mandat le 11 mars dernier.
La présidente socialiste s'est engagée par ailleurs à attribuer une indemnisation aux sinistrés pour qu'ils puissent acheter des vêtements et des articles de première nécessité.
Cinq centres d'accueil ont été mis sur pied par la municipalité de cette ville de 270 000 habitants, mais la plupart des personnes évacuées ont préféré trouver refuge auprès de parents ou d'amis, selon les autorités.
Dans le "cerro" (colline) de Mariposa, un des plus touchés, certains habitants, dont les habitations n'ont pas été détruites, ont dès la tombée de la nuit décidé de charger leurs voitures et de vider les lieux, face à la crainte d'une reprise de l'incendie.
La police et les équipes de secours d'urgence ont pris possession des rues obscures face à la crainte de pillages.
Certains toutefois ne veulent pas partir. "Moi je n'abandonne pas le peu que j'ai. Ce sont 15 ans de travail et d'efforts et je ne pars pas d'ici, sauf si la maison s'écroule. Mon épouse et mes quatre enfants sont dans un centre d'accueil", indique à l'AFP, Arturo Gomez, un habitant du quartier.
Sur la colline (el cerro) La Cruz, la plus touchée par l'incendie, Laura Vargas a retrouvé sa maison calcinée mais a également décidé de rester. "Je vais dormir ici, dit-elle à l'AFP, si je dois mourir ce sera ici. Nous avons juste besoin d'un matelas pour notre famille de cinq".
L'incendie s'est déclenché samedi après-midi à la Polvora, à la périphérie de Valparaiso, ravageant 15 hectares d'eucalyptus, de pâturages et de buissons et se propageant à une grande rapidité en raison de la chaleur et du vent, gagnant les collines surplombant la baie.
La ville de Valparaiso est visitée chaque année par des milliers de touristes chiliens et étrangers. Elle a été le premier et le plus important port marchand sur les routes maritimes qui reliaient les océans Atlantique et Pacifique par le détroit de Magellan. Au XIXe siècle, des immigrants ont débarqué d'Europe faisant de la cité la plus cosmopolite d'un pays isolé.
Valparaiso : les incendies les plus spectaculaires dans le monde
- Janvier - AUSTRALIE : Plusieurs cités de la banlieue de Canberra sont dévastées par de gigantesques incendies de forêt qui ravagent le pays pendant un mois et font au moins quatre morts et détruisent 530 maisons. Dans la province de Victoria, 800.000 hectares sont partis en fumée.
- Juillet - FRANCE - Plusieurs incendies d'origine criminelle ravagent le massif des Maures, dans le Sud-Est causant la mort de quatre personnes, dont trois touristes étrangers. La forêt des massifs des Maures et de l'Esterel sera décimée à 20%.
- Juillet-septembre - PORTUGAL - Des incendies gigantesques en raison de la canicule, ravagent le Centre et le Sud du pays pendant des semaines, faisant 20 morts. L'été 2003 demeure le plus catastrophique avec près de 425 000 hectares réduits en fumée.
- Fin oct-début nov - ETATS UNIS - Des incendies de forêts dévastent la Californie faisant 20 morts, et deux au Mexique. En deux semaines, 300 000 ha de végétation sont ravagés, 3 576 maisons détruites et 100 000 personnes évacuées.
2004
- Mi-mai - RUSSIE - Neuf personnes périssent, 5.000 hectares de forêt et près de 400 maisons sont réduits en cendres dans la région de Kourgan, à l'est de l'Oural.
2005
- Mi-janvier - AUSTRALIE - Neuf morts et des dizaines de blessés dans le sud du pays dans les pires incendies de forêts dans le pays depuis plus de 20 ans. 80 000 hectares partent en fumée.
- Juillet-Août - PORTUGAL - Plusieurs vagues d'incendies particulièrement violentes ravagent le territoire du nord au sud. Environ 300 000 hectares sont ravagés dans les incendies qui feront au moins 18 morts, dont onze pompiers.
2007
- Fin août - GRECE - Le pays, touché par la sécheresse et la canicule, connaît une vague d'incendies sans précédent qui ravagent le Péloponnèse et l'île d'Eubée, causant la mort de 65 personnes. Les flammes frôlent le prestigieux site d'Olympie, classé par l'Unesco au Patrimoine mondial de l'humanité.
- Octobre - USA - La Californie connaît les pires incendies de son histoire entraînant l'évacuation de 640 000 personnes et détruisant près de 2 000 habitations.
2009
- Mi-février - AUSTRALIE - Au moins 173 morts à la suite d'incendies de brousse dans le sud-est du pays, qui perdurent pendant plusieurs semaines avant d'être contenus par des milliers de pompiers et de volontaires.
2010
- Juillet-Août - RUSSIE - Des incendies ravagent plus d'un million d'hectares de forêts, de tourbières et de broussailles et brûlent des villages entiers dans la partie occidentale du pays, confrontée à une canicule et une sécheresse sans précédent: une soixantaine de morts.
- Début décembre - ISRAEL - Le pire incendie de l'histoire du pays ravage pendant quatre jours près de 5 000 hectares du parc national du mont Carmel : 44 morts.
2012
- Juillet - ESPAGNE - Un incendie fait rage dans la région de La Junquera près de la frontière française, faisant quatre morts dont trois Français, et détruisant 14 000 hectares de végétation.
2014
- Avril - CHILI - Un gigantesque incendie ravage plusieurs quartiers de la ville de Valparaiso, détruisant au moins 500 habitations et contraignant à l'évacuation plus de 10 000 personnes. Au moins 11 personnes trouvent la mort, selon un bilan provisoire.
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