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Tunisie-Procès d'ex-responsables sous Ben Ali: Colère après des verdicts jugés trop "cléments"

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La justice militaire tunisienne a rendu samedi soir son jugement dans l’affaire des manifestants tués pendant la révolution ayant abouti à la chute du président Zine El Abidine Ben Ali le 14 janvier 2011, et sa fuite en Arabie Saoudite.

Jugement qui a suscité la colère des familles des victimes et d’une grande partie de la population tunisienne, qui dénoncent des verdicts trop "cléments".

Perpétuité pour Ben Ali, certains ex-responsables bientôt libres

A l’issue de ce procès en appel, la peine à perpétuité contre Zine El Abidine Ben Ali a été confirmée. L'ancien président avait été condamné à la prison à vie à trois reprises pour la répression des manifestations en décembre 2010-janvier 2011, et avait écopé de plusieurs décennies de réclusion dans des affaires de corruption.

LIRE AUSSI: La justice de l'UE annule les sanctions contre Mehdi Ben Ali, neveu du président déchu Zine El Abidine Ben Ali



L'ancien directeur de la sécurité présidentielle Ali Seriati a, lui, été condamné à trois ans de prison dans l'une des affaires, tout comme l'ex-ministre de l'Intérieur Rafik Belhaj Kacem, a affirmé leur avocat, Abeda Kéfi, qui s’est félicité de ces verdicts. "C'est une excellente chose, sauf pour Seriati, qui aurait dû être acquitté", a-t-il dit à l'AFP.

L'ex-chef des brigades spéciales, Jalel Boudriga, condamné en première instance à 10 ans de prison pour meurtre avec préméditation, a également écopé de trois ans après la requalification des faits en non-assistance à personne en danger, a indiqué son avocat Mohamed Ali Ghrib.

"Avec le temps les choses se sont calmées, et la justice a eu le temps de rendre justice avec plus de sérénité", a estimé ce dernier.

"Une mascarade judiciaire"

Dès l'annonce des premiers verdicts, des membres des familles des victimes, fous de rage, ont protesté contre des sentences jugées trop clémentes, provoquant une suspension d'audience après des échauffourées avec les soldats chargés de la sécurité, selon un photographe de l'AFP sur place.

"A bas la justice militaire", "Dieu nous vengera", ont-ils crié. Certains ont tenté de s'en prendre aux familles des accusés présentes dans la salle avant d'être évacués.




"C'est une mascarade judiciaire. Il est clair qu'un marché politique a été conclu. Aujourd'hui les martyrs ont connu une seconde mort", a dénoncé l'un des avocats de la partie civile, Amor Safraoui.


Laila Haddad, avocate des familles de victimes des manifestations organisées lors de la révolution a quant à elle déclaré qu’"ils (Seriati et Kalem) seront libérés dans les prochains jours. C’est un coup porté à la transition".

Le parti CPR s’est également exprimé dans un communiqué, dénonçant une complicité avec les symboles de l’ancien régime:





Même son de cloche à l'Observatoire Tunisien pour l'indépendance de la Magistrature et chez le parti des travailleurs, qui appellent à ce que le dossiers des martyrs soit retiré des mains de la justice militaire et transféré au plus tôt vers la justice civile:





Yamina Zoghlami, présidente de la commission des martyrs et blessés de la révolution et la mise en œuvre de l’amnistie générale auprès de l’ANC, a elle qualifié ces verdicts de "choquants" et "dramatiques" sur les ondes de Mosaïque FM. Elle s’est aussi dite déçue par les avocats, qui n’en auraient pas fait assez pour défendre les martyrs et leurs familles.

Selon un bilan officiel, la répression du soulèvement populaire qui a chassé Ben Ali a fait plus de 300 morts et des centaines de blessés.






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