La nouvelle loi tunisienne de microfinance adoptée en 2011 "encouragera d'autres acteurs à s'installer", avait annoncé Michael Cracknell en 2013 dans les colonnes du HuffPost Maghreb. Le co-fondateur de l'ONG Enda inter-arabe, principal acteur du microcrédit en Tunisie, n'a pas eu tort.
La même année, la société d'investissement Advans annonce son installation en Tunisie et fait la demande d'agrément auprès du ministère des Finances. Hier, les banques islamiques ont foncé dans la même brèche.
Depuis la révolution, les banques tunisiennes sont en manques de liquidités et le refinancement des nombreuses associations en charge de l'attribution des micro-crédits est en difficulté. Leurs agents ont manifesté pendant plusieurs semaines devant la Kasbah en mars, affirmant que sur les 289 associations, une centaine avait déjà dû mettre les clés sous la porte.
La banque Zitouna et la Banque islamique de développement (BID) se sont mis d'accord, lundi 7 avril à Tunis, pour créer une société de microfinance islamique, rapporte l'agence TAP. Une filiale de la Banque mondiale ainsi que la Poste tunisienne, société publique et appartenant à l'Etat, seront également de la partie.
PDG de la banque Zitouna, Ezzeddine Khouja a justifié la démarche en mettant l'accent sur le besoin des Tunisiens. Selon lui, ils seraient 1,5 million à avoir "besoin" du micro-crédit, alors que seuls 400.000 y ont accès.
Michael Cracknell confirme sinon les chiffres du moins le besoin: "Environ un quart seulement de la demande de la part de micro-entrepreneurs est couvert", estimait-il en 2013.
Un "plus" islamique?
Mais pour Khouja, le "besoin" des Tunisiens porterait toujours plus sur le financement islamique. 40% des personnes à la recherche d'un micro-crédit refuseraient les crédits habituels et auraient ainsi "besoin" d'un financement islamique.
Dans un rapport publié en janvier 2013, le Fond international de développement agricole (FIDA) vantait les mérites d'une microfinance islamique en passe de devenir "un instrument toujours plus important pour lutter contre la pauvreté rurale dans les pays musulmans".
Mais le son de cloche ne rencontre pas toujours les mêmes faveurs. Pour l'économiste tunisien Walid Hasni "dans la pratique, les banques islamiques pratiquent des taux plus usuriers que les banques commerciales".
Le crédit plutôt que la charité
Islamique ou non, éthique ou profiteur, le micro-crédit met surtout en avant une caractéristique qui correspond au discours actuel du gouvernement tunisien, qui insiste sur la responsabilisation des citoyens en temps de crise.
Présent depuis 20 ans sur le marché tunisien du micro-crédit, Michael Cracknell raconte comment le développement auto-financé a provoqué "l'incompréhension de beaucoup de gens".
"En Tunisie, on tend en effet à croire que la pauvreté doit être abordée par la charité". Reste à savoir si remplacer la charité par le crédit aura l'impact escompté.
La même année, la société d'investissement Advans annonce son installation en Tunisie et fait la demande d'agrément auprès du ministère des Finances. Hier, les banques islamiques ont foncé dans la même brèche.
Depuis la révolution, les banques tunisiennes sont en manques de liquidités et le refinancement des nombreuses associations en charge de l'attribution des micro-crédits est en difficulté. Leurs agents ont manifesté pendant plusieurs semaines devant la Kasbah en mars, affirmant que sur les 289 associations, une centaine avait déjà dû mettre les clés sous la porte.
LIRE: Où en est la microfinance en Tunisie, par Michael Cracknell
La banque Zitouna et la Banque islamique de développement (BID) se sont mis d'accord, lundi 7 avril à Tunis, pour créer une société de microfinance islamique, rapporte l'agence TAP. Une filiale de la Banque mondiale ainsi que la Poste tunisienne, société publique et appartenant à l'Etat, seront également de la partie.
PDG de la banque Zitouna, Ezzeddine Khouja a justifié la démarche en mettant l'accent sur le besoin des Tunisiens. Selon lui, ils seraient 1,5 million à avoir "besoin" du micro-crédit, alors que seuls 400.000 y ont accès.
Michael Cracknell confirme sinon les chiffres du moins le besoin: "Environ un quart seulement de la demande de la part de micro-entrepreneurs est couvert", estimait-il en 2013.
Le microcrédit pour les nuls: Conceptualisé et mis sur le marché financier par l'Indien Muhammad Yunus, le microcrédit vise à accorder de petits prêts à ceux ne pouvant accéder aux prêts classiques, permettant à ceux dans le besoin de devenir des entrepreneurs. Destiné, selon son créateur, à lutter contre la pauvreté, le microcrédit est également critiqué pour ses risques de dérives et d'endettement.
Un "plus" islamique?
Mais pour Khouja, le "besoin" des Tunisiens porterait toujours plus sur le financement islamique. 40% des personnes à la recherche d'un micro-crédit refuseraient les crédits habituels et auraient ainsi "besoin" d'un financement islamique.
Dans un rapport publié en janvier 2013, le Fond international de développement agricole (FIDA) vantait les mérites d'une microfinance islamique en passe de devenir "un instrument toujours plus important pour lutter contre la pauvreté rurale dans les pays musulmans".
Les modalités et conditions de la microfinance islamique sont plus favorables et accessibles aux populations les plus vulnérables et défavorisées, affirme le FIDA.
Mais le son de cloche ne rencontre pas toujours les mêmes faveurs. Pour l'économiste tunisien Walid Hasni "dans la pratique, les banques islamiques pratiquent des taux plus usuriers que les banques commerciales".
LIRE: Les banques islamiques, la grande hypocrisie et La filière halal de la finance mondiale, par Walid Hasni
"Chose est sûre, l'islam fait vendre. C'est un canal qui rapporte gros. La majorité des banques islamiques sont la propriété des grands conglomérats de la finance mondiale", assène-t-il.
Le crédit plutôt que la charité
Islamique ou non, éthique ou profiteur, le micro-crédit met surtout en avant une caractéristique qui correspond au discours actuel du gouvernement tunisien, qui insiste sur la responsabilisation des citoyens en temps de crise.
Présent depuis 20 ans sur le marché tunisien du micro-crédit, Michael Cracknell raconte comment le développement auto-financé a provoqué "l'incompréhension de beaucoup de gens".
"En Tunisie, on tend en effet à croire que la pauvreté doit être abordée par la charité". Reste à savoir si remplacer la charité par le crédit aura l'impact escompté.
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