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La Crimée plébiscite le rattachement à la Russie, la crise diplomatique s'enlise entre Russes et Occidentaux

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Les Ukrainiens de Crimée ont plébiscité dimanche le rattachement de la péninsule à la Russie au terme d'un scrutin qui a mis en lumière le divorce profond entre Russes et Occidentaux, et réveillé les appétits des séparatistes de l'Est de l'Ukraine.

Le rattachement de la péninsule ukrainienne de Crimée à la Russie a été approuvé par 96,6 % des votants au référendum tenu dimanche, selon les résultats définitifs communiqués lundi matin par le Premier ministre pro-russe Serguiï Axionov sur son compte Twitter.

Le taux de participation était de 81% pour cette consultation organisée en catastrophe dans une péninsule occupée depuis deux semaines par les troupes russes.

"Nous rentrons à la maison!", a lancé le Premier ministre de Crimée, Serguiï Axionov, place Lénine à Simféropol, avant d'entonner l'hymne national russe avec la foule et une chorale de chanteurs en tenues de marins de la Flotte de la mer Noire.

Obama hausse le ton

Plus sobrement, la Maison Blanche avait plus tôt rejeté sans surprise le référendum et accusé Moscou d'actes "dangereux et déstabilisants".

Le président américain Barack Obama a évoqué d'éventuelles sanctions supplémentaires contre la Russie, avertissant son homologue russe Vladimir Poutine que les Etats-Unis et leur alliés ne reconnaîtraient "jamais" le référendum sur la Crimée de dimanche.

Au cours d'un entretien téléphonique avec M. Poutine, "le président Obama a souligné que le 'référendum' en Crimée, qui violait la Constitution ukrainienne et survenait sous la contrainte de l'intervention militaire russe, ne serait jamais reconnu par les Etats-Unis et la communauté internationale", a encore indiqué la Maison Blanche dans un communiqué.

Pour sa part, Londres a qualifié le scrutin de "farce", suivi par Paris qui a raillé un scrutin "sous la menace des forces d'occupation russes".

Scènes de liesse

Dès l'annonce du sondage à la sortie des bureaux de vote, des milliers de personnes sont descendues dans la rue à Simféropol, la capitale de la Crimée, et Sébastopol qui abrite la flotte russe de la mer Noire, pour fêter la victoire jouée d'avance du rattachement de la péninsule à la Russie, ont constaté des journalistes de l'AFP.

A Simféropol, les partisans de Moscou ont repris en choeur l'hymne russe en agitant des drapeaux tricolores. A Sébastopol, des milliers de personnes fêtaient la victoire de Moscou avec force alcool et en scandant "Sé-bas-to-pol" et "Ru-ssie" devant des artistes exécutant des danses traditionnelles russes.

Le Premier ministre Sergueiï Axionov a annoncé que la république demanderait officiellement dès lundi son rattachement à la Russie au cours d'une session extraordinaire du Parlement. Des députés se rendront le même jour en Russie.

Le référendum, présenté comme un exercice de démocratie populaire par les autorités séparatistes et par Moscou, se déroulait en présence de milliers de soldats russes qui contrôlent la région depuis deux semaines aux côtés de milices séparatistes.

L'Union européenne a averti qu'elle mettrait ses menaces à exécution dès lundi en établissant une liste noire de responsables russes et ukrainiens pro-russes visés par des sanctions.

Bien loin de la crise diplomatique qui se joue entre Russes et Occidentaux, à Sébastopol les électeurs se sont rendus massivement aux urnes.

A Bakhtchissaraï, "capitale" de la communauté musulmane tatare de la Crimée dont les leaders ont appelé à boycotter la consultation, on ne voyait guère de Tatars dans les rues. Seuls les Ukrainiens d'origine russe votaient avec enthousiasme, ravis de se débarrasser bientôt de leur passeport ukrainien et espérant vivre mieux avec les subventions de Moscou.

Poutine veut rétablir l'URSS

Les 1,5 million d'électeurs de cette république autonome étaient invités à choisir entre l'intégration à la Russie et une autonomie élargie au sein de l'Ukraine.

Cette péninsule majoritairement peuplée de russophones a été rattachée il y a soixante ans sur décision de Nikita Khrouchtchev à une Ukraine soviétique qui a toujours semblé lointaine à de nombreux habitants.

A Sébastopol, Aleftina Klimova, née en Russie, a eu du mal à trouver le sommeil avant le vote. "Je m'attendais à ce que les Etats-Unis, la France, eux tous, soient contre. Je craignais pour (le président russe Vladimir) Poutine. Mais il a su résister", a-t-elle poursuivi.

La question posée donnait aux électeurs le choix entre "la réunification avec la Russie en tant que membre de la Fédération de Russie" ou le retour à un statut, datant de 1992 et jamais appliqué, d'autonomie élargie à l'égard de Kiev.

Les autorités sécessionnistes sont arrivées au pouvoir à Simféropol après la destitution à Kiev, le 22 février, du président pro-russe Viktor Ianoukovitch et à la faveur d'un coup de force organisé par des civils pro-russes en armes et des milliers de soldats russes.

Venus de la base maritime de Sébastopol, à la pointe sud de la péninsule puis entrés en Crimée en colonnes de blindés depuis le territoire russe, ils assiégeaient dans les bases militaires et les lieux stratégiques de la péninsule les soldats ukrainiens restés fidèles aux autorités de Kiev.

Agitation à l'Est

A Kiev, l'homme de la rue - ou plutôt du Maïdan (place de l'Indépendance) - n'en craint pas moins la guerre.

"C'est une possibilité", dit un membre des groupes d'autodéfense du Maïdan, Vassyl Petrachthouk. "Poutine verra que nous ne sommes pas prêts à nous écarter de son chemin. Aujourd'hui il prend la Crimée, demain il voudra prendre Donetsk, Kharkiv, pas à pas. Il veut rétablir l'Union soviétique".

Dans l'est du pays, des manifestants pro-russes, encouragés par le référendum séparatiste, ont procédé à une démonstration de force dans les grandes villes industrielles en passe de devenir de nouveaux "points chauds".

A Donetsk, ancien fief du président Viktor Ianoukovitch destitué fin février, des manifestants pro-russes ont ainsi pénétré dans les sièges du parquet et des services spéciaux (SBU).

A Kharkiv, l'ancienne capitale de l'Ukraine, 6.000 partisans de Moscou ont organisé malgré l'interdiction de la justice un meeting-référendum pour plus d'autonomie et pour la "souveraineté" de la langue russe.

Les organisateurs ont distribué des "bulletins" en faveur de la "fédéralisation économique" et "la souveraineté linguistique" qu'il fallait remplir et glisser dans un sac en plastique.

Des milliers de pro-Russes ont ensuite marché vers les bureaux d'organisations nationalistes devant l'entrée desquels ils ont brûlé drapeaux, livres et tracts.

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